jeudi 4 avril 2013

L'Europe sera t'elle la prochaine proie des guerres urbaines menées par les jihadistes ?

Si la question pourrait paraître incongrue à certains, il s’agirait pour eux de se mettre au courant des réalités concrètes de la situation sur terre, c’est à dire à Cochon sur Terre pour être plus précis ; et rapidement encore, car si le régime syrien s’effondre, ce que nous ne souhaitons pas, le chaos généralisé qui s’en suivra dans tout le Moyen-Orient pourrait aussi bien avoir des conséquences en Europe elle-même.

C’est en tout cas les questions que se posent plusieurs services secrets européens, tout comme les Israéliens. Certains américains non lobotomisés par le système, eux aussi, observent la situation  en Syrie et ses éventuelles répercussions sur l’Europe avec beaucoup d’incrédulité, voire une franche inquiétude.

C’est ainsi qu’en quelques jours plusieurs articles, de sources fort différentes les unes des autres, se firent les échos de cette préoccupation.
Le premier est un article de Elliot Abrams paru dans National Review. Après un voyage en Israël où il fut en rapport avec des officiers israéliens dont l’inquiétude principale était de savoir où les jihadistes actuellement en Syrie pourraient bien aller semer leur oeuvre de mort après la chute du régime du président Assad, si jamais celle-ci avait lieu. Les Israéliens les estiment à environ 5.000, relevant tous des brigades islamistes les plus radicales comme Jabhat Al Nusra et autres groupuscules liés à AL Qaéda.

The key concern, the Israelis said, is where the jihadis go after Assad falls. Do they stay on in Syria to fight any Alawite militias that may appear? Do they go west to Lebanon, to fight the Shiite group Hezbollah? South to try to cross into the Golan, and fight the Israeli army? Or east into Iraq, to fight as Sunnis against the Shiite-led government of Prime Minister Maliki — which the Israelis saw as perhaps the most likely outcome?
But there is another possible outcome: that the jihadis go to Europe to commit acts of violence and terror there. Why would hundreds of them possibly go to Europe? Because they came from Europe.


Voilà.
Car ils viennent d’Europe. Donc ils rentrent chez eux pour appliquer ce qu’ils ont appris en Syrie au contact de leurs « frères » venant d’Irak, d’Afghanistan, de Tchetchenie où de Libye. N’est-ce pas logique ?

Combien de « concitoyens » européens y a t’il en Syrie, pourriez-vous vous demander.

Environ 600 (au bas mot), dont une centaine d’Anglais, plusieurs douzaines de français, une centaine de Hollandais, environ 70 Belges etc...
Les services secrets danois s’inquiètent du retour des jihadistes danois au Danemark et de ce que de leurs activités futures.

According to the Danish Secret Services several members of the most violent gangs of immigrants in Copenhagen are currently in Syria where they have gone in order to participate in jihad. This may turn hardened criminals into hardline fundamentalists. “This is a new trend. These people are already potentially dangerous and when they return home, they have access to arms and explosives. It is very worrisome to see these types of ties forming between Islam and criminals,” says the head of the Danish Secret Services.
(Sources : National Review - 28 Mars 2013)

Elliot Abrams conclu son article ainsi :

I can see why the Israelis worry where the jihadis will turn once Assad is gone, but at least Israel has a border with Syria it can keep closed and fight to protect. The counter-terror forces in Europe will not be able to prevent these jihadis from crossing Europe’s borders, for they all hold passports. Trouble ahead.

Problèmes à l’horizon.

Les récentes recherches du Norvégien Thomas Hegghammer confirment ces craintes des services secrets européens et israéliens : les jihadistes avec une expérience à l’étranger, en Syrie par exemple, reviennent en Europe incomparablement plus dangereux et sophistiqués que des individus qui n’auraient jamais fait le pèlerinage à Damas où en Libye.

Parallèlement, plusieurs sources concordent pour assurer que les gouvernements européens, et particulièrement français, se prépareraient à l’éventualité de troubles sociaux à grande échelle sur le territoire européen, et notamment français, avec une éventuelle possibilité de « guerre urbaine », notamment dans les banlieues où la menace islamiste est considérée comme « sérieuse » étant donné la sensibilité aux discours des organisations proches d’Al Qaeda, du GSPC algérien, du GICM marocain etc...
Le Centre des Hautes Etudes de l’Armement écrivait en 2006 :

« De nouvelles frontières dessinent les contours de l’insécurité ou de la confrontation armée dans ces zones urbaines ou dévastées par le terrorisme ou la guerre (....) Ces frontières urbaines délimitent, selon une géographie plus humaine que physique, des groupes d’identité commune ou de communautés de valeurs prêts à défendre par la violence la sanctuarisation de zones dont ils s’estiment détenteurs exclusifs. En France, ces frontières ne sont pas reconnues officiellement par les pouvoirs publics qui usent d’expressions “codées”, cédant au “politiquement correct”, pour évoquer allusivement : “quartiers sensibles”, “quartiers populaires” (sic), “zones de non-droit”. Le citoyen, quant à lui, sait très bien où elles se situent et là où … “ça craint”. Ces zones acquièrent alors dans l’esprit de ces communautés un statut implicite de territoire “conquis” sur la puissance régalienne de l’État ou sur le pouvoir souverain dont la légitimité est contestée et, si nécessaire, combattue. À l’intérieur de ces frontières urbaines, les représentants des communautés tirent leur autorité d’une sorte de droit coutumier des temps modernes, tendant à se substituer progressivement et subrepticement aux lois souveraines de l’État démocratique. Face à ce type d’évolution, l’emploi de la violence légitime apparaît souvent comme l’ultime recours des démocraties pour réduire ces menaces. »
(Sources : Quel armement pour quelle frontière ?, Centre des Hautes Etudes de l’armement, 42e session 2005-2006, Groupe B / Comité n° 10.)

« Face à ce type d’évolution, l’emploi de la violence légitime apparait souvent comme l’ultime recours des démocraties pour réduire ces menaces ».

Cela a le mérite d’être clair.

A partir de là on peut se demander par quelle logique aberrante des pays comme la France où le Royaume-Uni peuvent encore faire pression sur l’Union Européenne afin d’autoriser des livraisons d’armes aux terroristes faisant le coup de feu en Syrie, puisqu’on sait très bien que les armes que l’on prétend donner aux plus modérés finissent dans leur grande majorité quasiment à tout coup entre les mains de ces 5.000 où 6.000 jihadistes de Al Nusra où Al Qaeda, dont les 600 et plus européens qui reviendront un jour en Europe pour mettre en application ce qu’ils auront appris là-bas à nos frais. Pour certains en tout cas. Heureusement, pour le moment les Européens menés par les Allemands se sont opposés à la demande franco-britannique de lever l’embargo sur les armes à destination de la Syrie. Mais pour combien de temps ?

Que fera le gouvernement français lorsque ces « libérateurs » se mettront en tête de « libérer « les banlieues de Marseilles, Lyon, Paris et autres, de la loi républicaine ? Que feront-ils lorsque les jihadistes européens trouveront des sponsors en la personne de nos grands alliés l’émir du Qatar où le roi d’Arabie-Saoudite pour fournir les armes nécessaire à leur grand oeuvre, en plus de celles fournies par nos soins (sans parler des missiles et autres armes sophistiquées que nos gouvernants bien-aimés rêvent de fournir en Syrie) pour  libérer  la Syrie d’un régime laïc et multiconfessionnel ?

Allons, rendormez-vous, chers lecteurs, nos gouvernants veillent sur nous avec l’amour et la compétence que vous leur connaissez.

Pour le moment, donc, tout va bien à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

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